Au Cameroun, les réseaux sociaux sont saisis depuis des mois par des vidéos particulièrement violentes. Certaines attribuées à l'armée et tournées dans l'extrême nord du pays dans le cadre de la lutte contre Boko Haram ont récemment provoqué une vague d'indignation dans l'opinion.
D'autres, tout aussi violentes, seraient le fait de séparatistes anglophones qui ne se gênent pas pour filmer et diffuser leurs exactions. Mais à la différence des condamnations que suscitent les vidéos attribuées à l'armée, celles des miliciens de la cause anglophone sont presque passées sous silence.
Parmi les moyens de communication utilisés par les miliciens pro-indépendance du Cameroun anglophone, les réseaux sociaux occupent une place de choix. Le politologue Mathias Eric Owona Nguini pense ainsi qu’ils s’en servent comme outils de propagande et arme de rébellion face au pouvoir en place.
« Il s’agit bien de miliciens qui sont liés à ces mouvements et qui veulent montrer leur niveau d’agressivité, qu’ils pensent être un élément de leur combativité, analyse-t-il. Je pense que c’est plutôt de la propagande ».
L’universitaire estime par ailleurs que la faible condamnation dont ces vidéos font l’objet auprès de l’opinion et des organismes de défense des droits de l’homme participe d’une indignation sélective avec des visées politiques.
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Déstabilisation anti-Biya ?
« Des vidéos qui sont extrêmement violentes, notamment celles où était torturé malheureusement un soldat de l’armée camerounaise, bizarrement, alors qu’on avait vu un certain nombre d’acteurs des réseaux sociaux s’indigner face aux exactions prêtées à l’armée camerounaise, les mêmes n’ont rien dit de cette violence-là », note-t-il.
« En réalité, c'est parce qu’ils sont idéologiquement des soutiens de ce qui se passe dans les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest, espérant que cette déstabilisation va permettre de renverser le président Paul Biya », poursuit Mathias Eric Owona Nguini.
Le gouvernement multiplie des réflexions pour tenter de freiner la diffusion de ces vidéos, sans pour autant aboutir pour l’heure à une solution pérenne.